La seconde vague commence enfin à nous donner un peu de répit et tout comme la première, elle a entraîné son lot de conséquences désastreuses pour les artistes. On connaît maintenant une petite accalmie car il y a moins d’individus infectés depuis quelques semaines. Collectivement, nous avons connu des périodes à 2500 nouveaux cas par jour et une certaine panique du milieu hospitalier qui était débordé. Et les règles se sont encore plus resserrées… mais qui aurait cru vivre un couvre-feu ? Malgré les cas de moins en moins nombreux et l’arrivée des vaccins, l’éclaircie tant espérée pour les artistes se fait encore attendre … Semaines ? Mois ?

Plusieurs de mes jeunes collègues se sont réorientés, la réalité l’emportant sur la passion. J’y ai pensé moi aussi ! Je suis une passionnée ; la musique, l’art vocal, l’enseignement du chant, même l’orthophonie aurait pu m’intéresser. Mais à l’école secondaire, je n’étais pas très douée pour les sciences et la biologie et je crois qu’un retour aux études me demanderait certainement plus que 3 années. Enfin, soyons réaliste… je suis seule à payer les factures !  Je ne vois pas comment j’aurais faire un retour à l’école sans revenu, et en plus avec une dette d’étude à rembourser après ces années d’apprentissage.

Plus d’une vingtaine d’années d’enseignement à rencontrer une centaine d’apprentis chanteurs ont certainement contribué à solidifier mes méthodes pédagogiques. Il m’apparait donc évident que le chemin à prendre, malgré la pandémie, est celui de continuer dans cette voie. Je suis fière de mon parcours de professeure de chant et mes élèves me le rendent bien.  Je suis fière de tous ceux qui sont passés par chez moi; les anciens et les actuels amoureux du chant ! Dans mon petit local, il y a une énergie qui me nourrit, une ambiance qui me remplit de joie. Que puis-je demander de mieux ?

Après maintenant une année de pandémie, j’ai eu la chance de pouvoir continuer à faire ce que j’aime le plus au monde : CHANTER ! Le milieu des arts vivants s’est réinventé. Plusieurs concerts qui étaient prévus à l’agenda ont pu avoir lieu, grâce à la web diffusion. Que ce soit un concert avec l’Orchestre Symphonique de Montréal, l’Orchestre Métropolitain, La Chapelle de Québec, le Studio de musique ancienne de Montréal, même la messe dominicale de la paroisse Sainte-Ambroise où je suis chantre est maintenant offerte en web diffusion ! Mais ce qui nous manque à nous les chanteurs c’est sentir l’amour du public, capter les émotions des gens dans la salle et être remerciés par de chaleureux applaudissements.

Je n’aurais jamais cru vivre une pandémie de mon vivant. Je suis reconnaissante à mes élèves de poursuivre les leçons, et les remercie pour leur passion et leur confiance. Je suis reconnaissante aux producteurs avec qui je travaille régulièrement de s’être réinventés et d’avoir ainsi pu me permettre d’exercer ce métier qui me nourrit tellement. Je suis reconnaissante de vivre à une époque et dans une société où une aide gouvernementale est disponible. Je suis reconnaissante à une amie qui a été bien généreuse au tout début de la pandémie. Les amis, c’est précieux…

J’ai hâte de revoir mes amis, ma famille, de prendre mes vieux parents dans mes bras. La distribution des vaccins qui a débuté nous apporte enfin une lueur d’espoir ! Nous savons tous que nous devrons encore être patients au cours des prochains des mois, mais cette lumière au bout du tunnel est tellement réconfortante. Les beaux jours s’en viennent…